Détail d'un disque de la discothèque du M'O+

VideListe

CD_3483 ()

Chapeau

159 / 1024

Navigation sur l'ensemble de la discothèque, pas de recherche effectuée
Les mentions soulignées indiquent les inédits dans les banques de données du M'O au moment de la rédaction
Titre du CD Die Orgeln von Gottfried Silbermann, vol. 4
Interprète(s) Martin Haselböck (AT)
Éditeur Querstand
Numéro d'édition 0220
Site de l'éditeur http://www.vkjk.de
Format audio DDD 24 bit
Date d'enregistrement 17-18 IX 2000, 8-9 VII 2001
Minutage total [65:28]
Date de réception au M'O 08/04/2003
Livret 44 pages (D, GB, F); photo(s) de l'instrument: 5, composition et registrations
Orgue(s) et/ou instrument(s) Zöblitz, DE, Dorfkirche
Reinhardtsgrimma, DE, Dorfkirche.
Frankenstein, DE, Dorfkirche
Reichenbach, DE, Ev. Kirche
Compositeur(s) Johann Ludwig Krebs, Friedrich Wilhelm Marpurg, Georg Andreas Sorge, Michael Gotthard Fischer
Descriptif orgue(s)A (1-6) Zöblitz, DE, Dorfkirche
Gottfried Silbermann (DE) 1742/Rühle (DE) 1997. II/20.
B (7-13) Reinhardtsgrimma, DE, Dorfkirche
Gottfried Silbermann (DE) 1730/Wegscheider (DE) 1997. II/20
C (14-19) Frankenstein, DE, Dorfkirche
Gottfried Silbermann (DE) 1753/Rühle (DE) 1998. I/13
D (20-24) Reichenbach, DE, Ev. Kirche
Gottfried Silbermann (DE) 1731/Schubert (DE) 1890. II/21

Accord orgue(s)A 555 B 555 C 555 D 555 dans l'échelle de La Rasette razette
ProgrammeJohann Ludwig Krebs
1-3. Sonata VI (d)
4-6. Sonata III (Bb)

Friedrich Wilhelm Marpurg
7. Preludio
8. Capriccio
9. Fuga III
10. Fuga VII
11. Fuga VIII
12. Fuga IX
13. Fuga X

Georg Andreas Sorge
14. Praeludium I (a)
15. Praeludium II (C)
16. Praeludium III (G)
17. Praeludium IV (e)
18. Praeludium V (b)
19. Praeludium VI (D)

Michael Gotthard Fischer
20. Vorspiel I/XI für das volle Werk
21. Vorspiel I/XII für zwey Claviere und Pedal, in canone
22. Vorspiel II/I zu dem Liede Jesus meine Zuversicht
23. Vorspiel II/VIII
24. Nachspiel II/V für das volle Werk

CommentaireUn préalable s'impose, le rédacteur du M'O ayant eu l'honneur d'être un des trois organistes non-allemands à participer à l'entreprise. J'ai déjà plusieurs fois souligné dans ces colonnes que, s'il ne m'est guère possible de critiquer mes propres enregistrements, je ne vois pas pourquoi ne pas vous les présenter. Ayant fixé moi-même la hauteur de la barre, et exprimant franchement - trop franchement disent certains - mes exigences à tous les niveaux, je serais bien le dernier des nigauds si mes réalisations ne répondaient pas à mes propres attentes. L'abondance des commentaires concernant ces quatre premiers CD's me permettra d'ailleurs aujourd'hui d'éviter de me lancer dans le jugement comparatif des interprètes.
Les quelques personnes à qui j'ai montré ces quatre volumes (le terme s'impose puisqu'il s'agit bien chaque fois de petits livres de 44 pages avec couverture cartonnée, dont le CD, encarté dans la troisième de couverture, n'est en quelque sorte qu'une annexe) ont partagé sans réserve mon enthousiasme pour la présentation de l'ensemble qui mérite un grand coup de chapeau.
Félicitations à la graphiste pour l'élégance de l'ensemble: jouant sur le gris, l'or et l'argent (Silber...), le titre et la tranche déclinent subtilement le numéro d'ordre de chaque volume, tandis qu'un élément doré extrait du décor sculpté d'un instrument différencie chaque livret et permet de reconnaître les CD's, si l'on à commis l'erreur d'en sortir simultanément plus d'un de leur pochette. Malgré l'abondance de matière, on a réussi à caser lisiblement en dernière page le programme complet de chaque disque. On retrouvera dans chaque livret trilingue une partie commune (les objectifs de la série d'enregistrements, la liste complète de tous les orgues de Gottfried Silbermann et la biographie du photographe Michael Lange) et une partie spécifique (description, historique résumé et composition des quatre instruments, commentaire sur les œuvres enregistrées, biographie de l'interprète et registrations utilisées). La graphiste joue avec un évident plaisir mais sans en abuser avec des éléments décoratifs tirés des buffets et illustre les premières pages de quelques belles photos illustrant le métier de facteur d'orgues. Soulignons aussi la qualité des photos en couleurs de tous les instruments. Elles sont tirées du livre édité par Michael Sandstein qui avait valu à son auteur un coup de cœur du M'O (B_2006).
Felix Friedrich est le concepteur du projet. C'est lui qui a décidé que chaque CD présenterait quatre orgues sous les doigts d'un organiste dans un répertoire se limitant (façon de parler!) aux musiques que Silbermann a pu entendre sur ses propres instruments. Johann Sebastian Bach, ses précurseurs d'Allemagne centrale et ses disciples, constituent indiscutablement l'Himalaya du répertoire des organistes. Le choix des interprètes est également le fait de l'organiste d'Altenburg qui, c'est bien normal, n'a pas négligé ses collègues des deux Allemagnes. On devine à l'audition des programmes qu'il a laissé chacun libre d'ordonner sa participation comme il l'entendait. Vous en jugerez à la lecture du descriptif ci-dessus. Pour ma part, considérant qu'un CD, même s'il a comme ceux-ci une valeur documentaire, doit pouvoir être écouté dans son entier comme un récital plaisant, à la fois varié et cohérent, j'émettrai quelques réserves sur certains choix de mes collègues. Si je puis accepter les douze préludes de Christian Gotthilf Tag, petits et légers comme l'annonce leur titre, je digère moins facilement le programme du quatrième volume: deux sonates jumelles de Krebs; sept pièces de Marpurg dont cinq fugues; six préludes de Sorge et, sur le quatrième orgue, cinq préludes ou postludes de Fischer. M'adonnant à l'excès et dans plusieurs domaines aux plaisirs de la collection, j'ai pensé ici à l'air du catalogue. Dans le même ordre d'idées, l'adéquation du répertoire à chaque instrument n'est pas toujours idéale. Ewald Kooiman a-t-il bien mesuré toute la chance qu'il avait de toucher l'orgue de la Petrikirche de Freiberg? Sur un des rares - si pas le seul - Silbermann possédant la gravité tant recherchée par Bach, jouer ces petits chorals et cette toccata mineure était un bel exemple de faux emploi. Mais il est vrai qu'un grand prélude et fugue de Bach ne permet sans doute pas de faire étalage d'un grand nombre de registrations? En tout cas, je regrette, et désire vous faire partager cette déception, que l'on ne puisse pas entendre ici le seul Principal 16 conservé intact de Silbermann (un jeu absent de l'orgue, plus grand, mais moins grandiose sans doute, de la cathédrale toute proche, et qui, à la Hofkirche de Dresde, a été défiguré, comme l'ensemble de la tuyauterie, lors du remontage de l'orgue, épargné par les bombardements d'après-guerre). Pas une note non plus sur le magnifique Quintaton 16, ni sur le 32 pieds de la pédale: je ne crains pas de le dire: ce portrait de l'orgue de la Petrikirche est hélas mal cadré.
Il va sans dire que les héros de l'entreprise sont les trente et un instruments dont seize sont déjà enregistrés. Nous les connaissions déjà par les vieux LP's enregistrés au temps de la RDA et repiqués en 10 CD's Berlin Classics (CD_3488). Cette nouvelle intégrale se justifie à la fois par une prise de son sensiblement améliorée et par une récente campagne de restaurations et relevages qui, depuis la réunification de l'Allemagne, rend progressivement à chacun de ces instruments son caractère d'origine. L'accord des instruments mérite d'être souligné: il est rare que seize orgues recueillent d'aussi bonnes mentions dans l'échelle de La Rasette. Contrairement à ce que pourrait vous faire croire l'audition du premier CD, où trois instruments sur quatre semblent atteints de déficiences pulmonaires, l'état général des instrument est également remarquable et je crains qu'on ne doive attribuer les hoquets de certaines mélodies jouées par Ewald Kooiman au choix d'œuvres mettant plus en valeur ces faiblesses que les qualités des instruments. Sans doute le jeu saccadé de la main gauche contribue-t-il à les accentuer? Mais nous avions décidé de faire l'impasse sur les interprétations...
On retrouve dans ces enregistrements à la fois la franchise d'élocution, la présence des plenums et la poésie des détails de tous ces chefs-d'œuvre. On s'émerveille toujours, à l'écoute de ces instruments, de voir comment Silbermann, au départ d'une composition stéréotypée, parvient à donner à chacun de ses orgues sa personnalité propre.

[M'O 75/7-9]

Date du commentaire13/07/2011
  
  Liste Retour à la liste des disques