Détail d'un disque de la discothèque du M'O+

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CD_2044 ()

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Titre du CD Les orgues de la Côte d'Or 
Interprète(s) Jean-Marc Aymes (FR): CD III/1-5
Laurent Beyhurst (FR): CD I/1-12 & Les Chantres du Roy (5-12)
Maurice Clerc (FR): CD III/13-18
Olivier Houette (FR): CD III/6-9
André Isoir (FR): CD I/21-26
Jean-Pierre Leguay (FR): CD II/1-7, CD III/10-12
Thierry Maeder (FR): CD I/13-20 & Catherine Greuillet (19)
Jean-Paul Serra (FR): CD I/27-31, & Sharman Plesner, violon: CD II/8-10
Michel Tissier (FR): CD II/18-21
Olivier Vernet (FR): CD II/11-17 & Isabelle Vernet (12, 14, 16)
Éditeur Ligia
Numéro d'édition 0109174 (3 CD's)
Site de l'éditeur ligia.digital@wanadoo.fr
Format audio DDD
Date d'enregistrement 1998, 2004, 2005, 2006
Minutage total [74:14 + 77:28 + 75:39]
Date de réception au M'O 12/02/2007
Livret 16+20 pages (F); photo(s) de l'instrument: 12, composition, pas de registrations
Orgue(s) et/ou instrument(s) Seurre (FR), Saint-Martin
Saint-Jean-de-Losne (FR), Saint-Jean-Baptiste
Auxonne (FR), Notre-Dame
Pagny-la-Ville (FR), Saint-Léger
Talant (FR), Notre-Dame
Brazey-en-Plaine (FR), Saint-Rémy
Nuits-Saint-Georges (FR), Saint-Denis
Beaune (FR), Collégiale Notre-Dame
Dijon (FR):
 • 1. Saint-Pierre
 • 2. Saint-Bernard
 • 3. Temple
 • 4. Saint-Bénigne
Compositeur(s) Louis Couperin, Jean-Adam Guilain, Jean-François Dandrieu, André Campra, Jean-Jacques Beauvarlet-Charpentier, Felix Mendelssohn, Alexandre Pierre François Boëly, Dieterich Buxtehude, Johann Sebastian Bach, Joseph Rheinberger, Louis James Alfred Lefébure-Wely, César Franck, Jean-Jacques Grunenwald, Giovanni Picchi, Girolamo Frescobaldi, Johann Jakob Froberger, Georg Muffat, Louis Vierne, Eugène Gigout, Jean Langlais
Descriptif orgue(s)A (CD I/1-12) Seurre, FR, Saint-Martin
Tribuot (FR) 1699/Aubertin (FR) 1990. IV/25
B (CD I/13-20) Saint-Jean-de-Losne, FR, Saint-Jean-Baptiste
Boillot (FR) 1768. II/24
C (CD I/21-26) Auxonne, FR, Notre-Dame
Callinet (FR) 1790/Plet (FR) 1998. III/31
D (CD I/27-31) Pagny-la-Ville, FR, Saint-Léger
Rinckenbach (FR) c1855/Deloye (FR) 1998. I/14
E (CD II/1-7) Talant, FR, Notre-Dame
Metzler (CH) 1996. II/17
F (CD II/8-10) Brazey-en-Plaine, FR, Saint-Rémy
Verschneider (FR) 1864/Cavaillé-Coll (FR) 1879/Deloye (FR) 2002. I/8
G (CD II/11-17) Nuits-Saint-Georges, FR, Saint-Denis
Cavaillé-Coll (FR) 1878/Kuhn (CH) 1997. II/12 (+3)
H (CD II/18-21) Beaune, FR, Collégiale Notre-Dame
Riepp (DE) 1775/Formentelli (IT) 1988. IV/51
I (CD III/1-5) Dijon, FR, Saint-Pierre
Muno (FR) 1988. I/19
J (CD III/6-9) Dijon, FR, Saint-Bernard
Saby (FR) 1992. III/36
K (CD III/10-12) Dijon, FR, Temple de Dijoin
Mülheisen (FR) 1993. III/19 (+3)
L (CD III/13-18) Dijon, FR, Cathédrale Saint-Bénigne
Riepp (DE) 1745/Schmid (DE) 1996. V/73
Accord orgue(s)A 555, B 555, C 555, D 55X
E 555, F 5XX, G 4X4, H 544
I 43X, J 545, K 544, L 434
dans l'échelle de La Rasette razette
ProgrammeCD I
Louis Couperin
1. Invitatoire de la Feste Dieu
2. Fantaisie; à Paris, le 22 mai 1656
3. Fantaisie
4. Fantaisie; novembre 1655 [récit de basse]
5-12. Jean-Adam Guilain: Suite du second ton
Jean-François Dandrieu: Pièces en G Ré Sol mineur
13. Magnificat
14. Cromorne en taille
15. Duo sur la Trompète
16. Trio
17. Récit de Nazard
18. Offertoire
20. Tierce en taille
19. André Campra: O dulcis amor
Jean-Jacques Beauvarlet-Charpentier: Messe royale d'Henri Du Mont
21. Kyrie
22. Fuga
24. Récit de Hautbois et Flûte
25. Récit de Flûte
26. Sinfonie en grand ch?ur
23. Jean-JacquesBeauvarlet-Charpentier: Récit de Flûtes du Magnificat en Ré majeur du 7e
Felix Mendelssohn-Bartholdy
27. Andante [with variations]
28. Prelude. Andante
Alexandre Pierre François Boëly
29. Andante con moto
30. Rondo (Allegretto moderato) N° 12
31. Andante Sostenuto - Récit N° 3

CD II
Dieterich Buxtehude
1. Ciacona (e) BuxWV 160
2. Herr Jesu Christ, ich weiß gar wohl BuxWV 193
3. Ein' feste Burg ist unser Gott BuxWV 184
Johann Sebastian Bach
4. Nun komm' der Heiden Heiland BWV 599
5. Jesu meine Freude BWV 610
6. Wenn wir in höchsten Nöten sein BWV 641
7. Wir glauben all' an einen Gott BWV 680
Joseph Rheinberger
8. Thema mit Veränderungen op. 150/1
9. Abendlied op. 150/2
10/ Gigue op. 150/3
Louis James Alfred Lefébure-Wely
11. Communion
13. Verset
15. Pastorale
17. Verset
César Franck
12. La Procession
14. Panis angelicus (de la messe à 3 voix op. 12)
16. Ave Maria
18-21. Jean-Jacques Grünenwald: Sonate

CD III
1. Giovanni Picchi: Toccata
2. Girolamo Frescobaldi: Canzon
3. Johann Jakob Froberger Toccata IV
4. Froberger: Fantasia VI
5. Georg Muffat. Toccata prima
Dieterich Buxtehude
6. Von Gott will ich nicht lassen BuxWV 220
7. Von Gott will ich nicht lassen BuxWV 221
8. Ach Herr, mich armen Sünder BuxWV 178
9. Johann Sebastian Bach: Praeludium & Fuge (a) BWV 543
10. Louis Vierne: Cortège opus 31/2
11. Eugène Gigout: Minuetto
12. César Franck: L'organiste: 7 pièces en fa mineur et fa majeur: Sortie
13-17. Jean Langlais: Suite médiévale en forme de Messe Basse
18. Louis Vierne: Symphonie N°2 opus 20: Allegro

CommentairePour un triple CD revêtant une telle valeur documentaire, il est permis de regretter le côté lacunaire des indications concernant les titres des œuvres, l'absence de commentaires sur celles-ci et surtout la carence des registrations. Mais ne boudons pas le plaisir d'entendre ces douze instruments, dont sept étaient inconnus de la discothèque du M'O. Leurs compositions, les historiques et les photos en couleurs sont donnés dans un des deux livrets, l'autre donnant le programme et les biographies des participants. Une dernière remarque, concernant le problème du bruit de fond: pourquoi diable faut-il, entre deux prises de son dans des contextes forcément différents, fondre dans le bruit ambiant d'une église, laisser quelques secondes de blanc hygiéniquement vierge, et monter ensuite la nouvelle ambiance (bruit du ventilateur et réverbération de l'église), avant de donner à entendre les premières notes du nouvel orgue? Il serait tellement simple et plus élégant de laisser courir l'ancienne ambiance, et de la couvrir par l'attaque de la première note du nouvel enregistrement...

CD I
Cela commence très fort: l'orgue de Seurre, joué par son titulaire, Laurent Beyhurst. Nous connaissions déjà l'un et l'autre par un CD du même éditeur, quatrième volume de la série «La Route des Orgues» (voyez CD_4165. Il me semble d'ailleurs que les plages ici présentées sont extraites de ce CD, uneûinformation que l'on n'aurait pas du craindre d'affirmer! Cet orgue est sans conteste un des plus beaux instruments de France, depuis qu'Aubertin le restaura il y a déjà vingt ans! À un an près, il était un instrument du XVIIIe, et l'on peut trouver ici des sonorités moins «Clicquot clinquant» (ceci n'est pas péjoratif! J'aurais pu dire «brillant» mais cela sonne moins bien...) que celles qu'utilisent trop souvent les organistes français pour jouer Grigny et Couperin, comme si toute la musique française d'ancien régime datait de la fin du XVIIIe. C'est par Louis Couperin que commence ce premier CD, et l'on retiendra en particulier, de ces quatre pièces, le Récit de basse, joué vivement, sur la tierce. Dans un Magnificat de Guilain très réussi, avec alternance de plain-chant, j'ai aimé un Prélude lent et noblement inégal. Les timbres de l'orgue de Seurre sont parfaitement caractérisés: tout parle superbement, avec une mention spéciale (mais non exclusive) pour le Trio de flûtes.
Le deuxième instrument est une vieille connaissance, depuis que Michel Chapuis nous le fit connaître en 1963, dans la série «Musique de tous les temps» d'Harmonia Mundi. La moitié de la prestation de Thierry Maeder réside dans l'accompagnement d'un motet de Campra, talentueusement chanté par Catherine Greuillet. Un peu moins de chant n'aurait-il pas permis d'entendre une plus grande variété de registrations de cet instrument qui, avec Seurre et Auxonne, forme le trio des orgues anciens parmi les douze qui nous sont présentés?
La première plage jouée par André Isoir sur le Callinet d'Auxonne illustre assez bien ce que j'entendais par la différence entre les orgues français du XVIIe et du XVIIIe: écoutez cette trompette pétaradante! Dans quelques-unes de ces pièces de Beauvarlet-Charpentier, l'organiste se montre fougueux à l'excès: la recherche de l'effet l'amène à précipiter la mesure et à négliger, surtout dans la Sinfonie en grand chœur la clarté du discours au profit d'une tapageuse cavalcade.
À l'opposé de cette attitude, la prestation de Jean-Paul Serra est à la fois discrète et musicale. Dans les registrations de Mendelssohn et Boëly, il ne dépasse jamais le Nasard et ne nous permet d'entendre ni la Doublette ni le Basson-Hautbois ni le Cornet de ce petit orgue dons les fonds sont fort beaux. Le jeu de cet organiste, qui succède à André Isoir sur ce CD mais aussi à la tribune de Saint-Germain-des-Prés à Paris est souple et chantant: on aurait aimé l'entendre plus!

CD II
Le premier orgue de ce CD nous fait entrer dans un tout autre monde: le clair plein-jeu du petit Metzler de Talant, sur les hauteurs de Dijon, sonne sans doute un peu «néo». Mais le Cornet bien chantant, la Trompette éclatante et point grosse, la Flûte 4 avec le Tremblant fort jolie. On entend aussi les principaux, la Voix humaine et l'organo pleno sous les doigts de Jean-Pierre Leguay, qui en sept chorals nous fait faire le tour du propriétaire de cet orgue réussi, dans une belle acoustique. Faut-il ajouter que même à Talant, le talent de Leguay répond «présent»?
On retrouve Jean-Paul Serra qui, décidément a fait vœu de modestie: le voici maintenant accompagnant la violoniste texane Sharman Plesner dans trois extraits de l'opus 150 de Rheinberger, maître de la mélodie, qui sait parfaitement marier les deux instruments. Hélas, entre ces trois mouvements, le tic dénoncé dans le premier paragraphe de ce commentaire, en l'interrompant et en le ressuscitant aussitôt après, vous rappelle impitoyablement le ronflement du ventilateur, là où l'on en arriverait presque par la grâce de la musique à l'oublier!
Dès les premières mesures de la Communion de Lefébure-Wely, on est séduit par la souplesse du jeu d'Olivier Vernet, qui confère de réelles notes de noblesse à cette musique. On n'en dira pas autant d'un Hautbois vraiment trop stentor pour être beau, bien que signé par le grand Cavaillé, et qui reviendra malheureusement dans trois solos sur les quatre pièces, avec dans la troisième un étonnant solo de Flûte octaviante. Si l'organiste fait plaisir à entendre, j'ai hélas été moins convaincu par l'intense vibrato de sa sœur et par des éclats de voix très bel canto: il se peut que ce soit là le style demandé par l'époque de César Franck. Mais on peut aussi y entendre des intentions plus subtiles...
Changement total de monde pour la dernière partie de ce deuxième CD, avec les quatre mouvements de la Sonate de Jean-Jacques Grünenwald, des plages que nous avons déjà entendues, puisqu'elles sont les dernières du CD Euromuses 2034 (voyez CD_4164). Cette musique assez décousue n'est pas vraiment séduisante et on peut dire qu'elle date bien des années 60 du siècle passé. Quant à l'orgue, outre le fait qu'il manque singulièrement de vent dans les tutti (le dernier mouvement est à la limite du supportable à ce sujet), on y entend plus de Formentelli que de Riepp. Cet extrait d'un autre producteur montre que la pratique des montages audibles et des ruptures d'ambiance est chose courante! Le point noir de ce coffret...

CD III
Le plein jeu de l'orgue «italien» de Saint-Pierre à Dijon est loin d'évoquer la luminosité aérienne des Serassi et Agati pris pour modèles. Peut-être la façon de registrer de l'interprète y est-elle pour quelque chose: il semble aimer les doublures d'unissons et les mélanges touffus, flûtés, ce qui est un comble, sur un orgue de cette école. De plus, il joue fort vite (comme un claveciniste, qui veut avancer, avant que le son fugace de son instrument ne s'évanouisse?) et un toucher brutal donne à entendre des bruits de mécanique vraiment excessifs dans les passages joués moins fort.
Le titulaire du grand Clicquot de Poitiers, Olivier Houette, joue ensuite un instrument dont l'histoire est une succession de transformations inachevées ou ratées, avant les derniers travaux par Pierre Saby, qui aboutissent à un instrument inauguré en 1992, fort agréable à écouter dans trois chorals de Buxtehude et le prélude et fugue en la mineur de Bach (où des mixtures un peu haut perchées sont cependant moins plaisantes). Ici, l'organiste, qui s'était montré jusqu'alors souple et stylé, est étonnement rectiligne dans un prélude qu'il ne serait pas excessif d'apparenter au stilus fantasticus cher à Buxtehude, style qu'on s'attendrait évidemment à retrouver dans la péroraison de la fugue.
Après un nouvel enchaînement douteux, nous retrouvons Jean-Pierre Leguay dans un majestueux Cortège de son prédécesseur à Notre-Dame. Malgré une composition plus néo-classique que symphonique (avec la particularité de ne pas posséder le moindre jeu de pédale, celle-ci se jouant toujours en tirasse de l'un des trois claviers), l'orgue de Mülheisen remplit fort bien son office. On imagine que la mission de l'organiste était de jouer ici de la musique du tournant du siècle, ce qui justifie son choix d'une petite pièce de Gigout, suivie après encore une rupture d'ambiance catastrophique, d'un extrait de L'Organiste de Franck.
Le «point d'orgue» de cette anthologie nous emmène en la cathédrale de Dijon où, derrière le magnifique buffet de Riepp se trouve un instrument dont la «restauration», inaugurée en 1996, est signée par le facteur allemand Gerhard Schmid. Les guillemets indiquent l'usage à mon avis usurpé du terme. Il aurait fallu avoir le courage de déclarer qu'on a construit ici, en réutilisant quelques jeux de Riepp, d'autres de Ducroquet et de Merklin, en rendant le Récit expressif, en électrifiant la mécanique de registration et en introduisant un certain nombre de jeux, un grand instrument sensiblement éloigné de l'orgue original. La preuve en est le choix fait par le titulaire d'y jouer la Suite médiévale de Jean Langlais (qu'il avait déjà enregistrée sur le même orgue, sur le CD Euromuses 2026, M'O 48/10).
Date du commentaire20/08/2010
  
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