Détail d'une partition de la partithèque du M'O+

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Titre Motets à 5 et 6 voix extraits du Tabulatur Buch Strasbourg 1607
Compositeur Schmid le Jeune, Bernhard
Opus
Année de composition 1607
Éditeur(s) scientifique(s) Jean-Luc Gester
Éditeur Les Cahiers du Tourdion
Numéro d'édition 184
Année de l'édition 2006
ISMN deest
Site de l'éditeur http://www.letourdion.fr
Nombre de pages [8] + 32 dont 28 de musique
Date de réception au M'O 13/03/2006
CommentaireLa musique d'orgue des XVIe et début du XVIIe siècle nous est transmise par quelques sources très importantes, dont les éditions modernes ne sont pas légion. Et comme certaines de ces sources sont notées en tablature allemande, même les organistes qui ont eu la curiosité d'acquérir les quelques fac-similés accessibles, pour autant qu'ils en connaissent les clés de lecture, sont obligés d'en faire des transcriptions en notation moderne, avant de pouvoir jouer ce répertoire.

Le musicologue Jean-Luc Gester, maître de conférences à l'UFR (lecteur non-hexagonal, j'avoue ne pas comprendre la signification de cette abréviation...) Musique et Musicologie de Paris VI Sorbonne a eu la bonne idée de donner la transcription d'une source majeure de ce répertoire à ses étudiants de Maîtrise du Département de musique de l'Université de Reims-Champagne-Ardenne. C'est donc un travail collectif qui nous est présenté, dans lequel le professeur a assumé la part du lion.

Je n'ai reçu que deux volumes de cette série (voyez aussi P_3594, où vous trouverez des compléments d'information), mais l'extrait du catalogue figurant au verso de ces volumes en annonce d'autres, dont j'ai recoupé les titres avec la table des matières de l'édition originale: sous réserve d'inventaire, c'est bien toute la tablature publiée en 1607 par Bernhard Schmid qui est offerte ici, à l'exception de la première partie, contenant les Intonations d'Andrea et de Giovanni Gabrieli (connues par plusieurs autres sources, dont le Liber Fratrum Cruciferorum Leodiensium) et le groupe de six Toccatas (signées des deux Gabrieli, Girolamo Diruta et Claudio Merulo).

Chose étrange, je n'ai trouvé nulle part dans le commentaire des deux volumes reçus, la citation complète du titre de la tablature: Tabulatur Buch Von allerhand außerlesen Schönen Lieblichen Praeludijs, Toccaten, Motetten, Canzonetten, Madrigalien vnnd Fugen von 4. 5. vnd 6. Stimmen: deßgleichen künstlichen Passomezen vnd Gagliarden. So von den berühmbtsten vnd besten Componisten vnd Organisten Deutsch vnd Welscher Landen Componirt worden. Auff Orgeln vnd Instrumenten zugebrauchen [...]. Je ne vois pas ici la «banalité» dont parle le commentaire!

On connaît au moins douze exemplaires du volume de 1607 (plus un autre, incomplet) mais l'éditeur ne dit pas sur lequel il base sa transcription. Ceci n'est pas sans importance, car de nombreux cas existent, qui démontrent que certains exemplaires d'impressions anciennes comprennent des corrections, pour ne rien dire de la possibilité de tirages successifs, éventuellement corrigés. Pour ma part, comparant la transcription avec le fac-similé dont je dispose (Forni, Bologna, 1969, qui ne dit hélas pas non plus sur quel exemplaire il se fonde), je constate que certaines erreurs corrigées par Jean-Luc Gester n'existent pas dans ce fac-similé.

Sur le plan musicologique, le travail est bien fait: on a bien fait d'alléger le texte en ne transcrivant pas systématiquement tous les silences originaux. Quelques liaisons d'éditeurs sont ajoutées en pointillés, mais, comme toujours dans ce domaine, chacun en trouvera bien d'autres qui lui semblent justifiées. Dans ce domaine, l'abstinence n'est pas une mauvaise solution... On aurait également pu déplacer quelques notes d'une portée sur l'autre, pour répondre aux réalités des mains, surtout dans les pièces à six voix dont l'écriture est particulièrement riche.

Les remarques de l'appareil critique sont signalées par des astérisques (mais parfois, je ne comprends pas ces commentaires: ainsi, je ne vois pas la mesure que l'on pourrait supprimer à 46-47 dans Gaudeamus & exultemus). Et le lecteur aimerait avoir le commentaire de l'éditeur sur certains problèmes rencontrés, par exemple d'étranges harmonies ou la présence ici ou là d'un fa dièse grave, que l'octave courte exclut normalement. Les références à l'original me manquent: pourquoi ne pas reprendre les numéros des pièces dans les titres? L'indication des pages de l'original facilite grandement la référence.

Sur le plan de l'édition proprement dite, on regrettera vraiment le système de reliure: ces fascicules d'environ 10 feuillets agrafés s'ouvrent très mal (ou plutôt: se referment à tout instant) et les tournes sont malaisées, voire impossibles sans arrêter de jouer. Quant aux tournes, justement, une meilleure imposition du texte s'impose, surtout si l'on tient compte du fait que le volume se termine par trois pages blanches et que ces pièces comptent un grand nombre de cadences.

Ce volume 184 des Cahiers du Tourdion comprend les numéros 43 à 48, soit six des douze motets de la tablature (sauf erreur, seuls deux d'entre eux ont été édités dans les temps modernes, par Eberhard Kraus, dans la collection Cantantibus Organis, dans les années soixante du XXe siècle, par les éditions Noetzel). Il va de soi que les six premiers doivent se trouver dans le fascicule 183. Les auteurs des polyphonies originales sont fort peu connus: Gregor Aichinger (dont la pièce est bien à 5 et non, come écrit dans le titre à 4), Tiburzio Massaino (pour les pièces 44 et 48), Pierre Bonhomme (flamand actif à Liège, où il meurt en 1617) et Friedrich Weissensee. La musique, surtout les pièces à six voix, est étonnante, voire perturbante. Il faut se faire à ces fragments enchaînés, dans lesquels l'auteur n'a pas tout à fait réussi à cacher le fait qu'il s'agit de transcriptions de polyphonies vocales et surtout, faire abstraction de tout ce que notre connaissance du répertoire ultérieur nous fait attendre...

Concluons: la transcription de la tablature de Schmid, 1607, est une importante contribution au répertoire de l'organiste. On pourrait peut-être imaginer de réunir ces différents fascicules en un seul, relié de telle sorte que son utilisation soit facilitée (on fait aujourd'hui d'excellentes reliures à boudin, à défaut de plus coûteux brochages de qualité), avec une mise en page améliorée, tenant copte des réalités du jeu (les tournes!). On en profiterait pour donner, outre quelques pages en fac-similé, la transcription et la traduction du Vorwort qui n'est certes pas sans intérêt! Étant donné que les sept fascicules publiés coûtent, ensemble, pas moins de 90 €, il serait même possible que l'édition complète revienne moins cher...

Date du commentaire05/01/2010
  
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