Détail d'une partition de la partithèque du M'O+

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P_0057 ()

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Titre Symphonie improvisée (Symphonie de Boston)
Compositeur Cochereau, Pierre
Opus
Année de composition 1956
Éditeur(s) scientifique(s) Jeremy Fisell
Éditeur Butz
Numéro d'édition EC 160
Année de l'édition 2004
ISMN deest
Site de l'éditeur http://www.butz-verlag.de
Nombre de pages 36 dont 33 de musique
Date de réception au M'O 07/04/2006
CommentaireLa discothèque du M'O qui, bien que riche (plus de 40.000 plages à ce jour…), est loin de comprendre tout ce qui existe en terme de CD d'orgue, compte pas moins de six symphonies de Pierre Cochereau (dont cinq improvisées), et la partithèque en comprend trois (sans compter trois autres volumes d'improvisations transcrites): le présent volume et P_0058, publié par le même éditeur, ainsi que la Symphonie «non-improvisée», publiée en 1996 par les éditions Chantraine. C'est l'occasion de mettre en ligne le commentaire publié alors dans le M'O imprimé, comprenant également le texte sur la transcription de l'improvisation Variations sur un Noël reconstituée par François Lombard (P_3902), qui enregistra la Symphonie sur CD Solstice 206 à l'orgue de Notre-Dame de Paris.
La Symphonie improvisée dont il est question ici date de juin 1956, lors d'un concert au Symphony Hall de Boston. On peut l'entendre sur le CD Solstice 163 (une référence discographique qui aurait pu figurer dans le bref commentaire trilingue, GB, D, F) dont la présentation du M'O imprimé de 2001 est également mise en ligne: CD_4386. La source de la transcription de Jeremy Filsell étant aisément accessible, une simple audition permettra de l'évaluer. Je dis bien «simple», au sens de «unique» car il est évident qu'une audition détaillée, telle que le permet l'enregistrement digital, avec retour arrière, voire même ralenti «sur image» permettrait d'affiner les constations…
Un détail saute aux yeux dès l'écoute des premières notes du premier mouvement: pourquoi, disposant de l'enregistrement original, le transcripteur ne donne-t-il pas les mouvements métronomiques? Un essai de reconstitution des registrations n'aurait-il pas également été justifié? D'autant plus que certaines indications figurent dans la partition — pas toujours à l'endroit précis où j'observe le changement de couleur! Dans le Scherzo, les articulations, pourtant bien claires, ne sont pas indiquées, et dans la toccata finale, l'indication du staccato à la pédale, mesures 88 à 91, aurait été nécessaire, dans le contexte de l'école française, qui pratique le legato généralisé.
Mais ceci ne sont que des détails! Il est évident que le transcripteur a voulu «nettoyer» la matière musicale, en donner une version idéale, assez éloignée de l'original sonore. Cette attitude «hygiénique» serait éventuellement acceptable, pour autant qu'il en soit fait état dans un commentaire, et surtout qu'un appareil critique détaille les modifications décidées, comme dans toute édition qui se respecte. Ainsi, ne trouve-t-on aucune mesure irrégulière dans cette partition, alors que l'improvisateur ajoute ou retranche ici où là un ou plusieurs temps à une mesure. Pour commencer par la mesure 4 du premier mouvement, dans laquelle la dernière note de la première phrase du thème est tout sauf une blanche: je compte l'équivalent de sept croches et il fallait donc soit écrire quelque chose d'un peu compliqué, soit simplement doter la note d'un point d'orgue. Dans la première page de ce mouvement, j'ai compté au moins huit notes liées, écrites ici comme répétées!
La notation d'une improvisation, surtout dans les moments rapides et denses, relève en soi de la gageure, et nombreux sont les passages où l'on se demande comment Jeremy Filsell est arrivé à démêler cet écheveau sonore. Malheureusement, le doute n'est plus permis à plusieurs endroits dans lesquels la matière musicale est claire: la transcription est fautive. Par exemple (et ceci n'est vraiment pas limitatif; pour mémoire, ces remarques sont le fruit d'une seule et unique écoute): dans le deuxième mouvement, il manque une mesure entre 138 et 139 et une autre entre 160 et 161. Dans le troisième mouvement, l'alto est différent de ce qui est noté à la mesure 15, et le soprano est autre dans les trois mesures suivantes. Dans la Toccata finale, il manque une mesure entre 3 et 4, des notes sont ajoutées au thème à la pédale sur la deuxième moitié du quatrième temps à 14 et 18, et le soprano n'est pas bien noté à 52-53. On peut donc affirmer que quiconque joue cette partition ne fait qu'approcher la Symphonie improvisée par Pierre Cochereau à Boston en 1956.
Finissons sur une note positive: l'audition de l'improvisation, partition – même imparfaite – en mains permet de juger de l'immense métier de Pierre Cochereau, alors âgé de 32 ans, et en pleine possession de ses moyens.
Date du commentaire21/07/2015
  
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