Détail d'une partition de la partithèque du M'O+

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Titre Cinq Improvisations
Compositeur Tournemire, Charles
Opus
Année de composition 1930
Éditeur(s) scientifique(s) Rupert Gough
Éditeur Carus
Numéro d'édition CV 18.017
Année de l'édition 2010
ISMN M-00709491-1
Site de l'éditeur http://www.carus-verlag.com
Nombre de pages 72 (59)
Date de réception au M'O 23/08/2011
CommentaireLe format choisi pour cette partition est le petit A4 à l'italienne que pratique souvent l'éditeur Carus. On a peine à croire que ce format a été choisi pour faciliter la photocopie! Mais, outre le fait que ces pages relativement petites laissent peu de place à l'organiste pour noter ses registrations, elles ne permettent de caser que deux ou trois systèmes, ce qui rend les tournes plus nombreuses. Dans ce domaine, il est clair que la mise en page n'a tenu aucun compte des nécessités pratiques du jeu de l'orgue. Dans la première pièce, sur six tournes, cinq sont impossibles, et une est peu pratique, alors qu'il y a de belles occasions, résultant du style propre de l'improvisation tournemiresque, souvent interrompue par des silences, et aussi par la pratique des registrations, qui exigent la libération d'une main, aux mesures 4, 32, 42, 43, 69, 71, 74, 84, 95, 118, 124, 130, et éventuellement aussi 108 et 109. Sachant que l'on fait tenir entre 15 et 20 mesures par pages, il est évident qu'une bonne imposition du texte musical aurait grandement facilité l'interprétation de cette musique, en supprimant toutes les tournes difficiles. L'éditeur aurait également facilité la lecture en supprimant les portées de pédales ne comprenant que de silences... Le même phénomène se constate évidemment pour les autres pièces. II: deux tournes possibles mais pas faciles, une bonne, alors qu'on en trouve de très faciles aux mesures 5-8, 10/1, 42/43, 56, 71. III: 8 tournes impossibles, une bonne (8, 21, 25, 28, 68, 86, 101, 109, 133, 139, 141, 167, 173, 189-191, 207, 219, 220). Dans cette pièce, on observe une véritable bêtise: page 35, on lit trois systèmes, avec une bonne tourne à la fin du deuxième, et une mauvaise au troisième. Alors que la page suivante ne compte que deux systèmes! Il aurait suffi d'imprimer deux systèmes sur la première et trois sur la seconde... IV: une tourne possible mais pas vraiment facile, quatre tournes impossibles (29, (55), 77, 81 85). V: trois mauvaises tournes et deux bonnes (8, 16, 21, 43, 54, 67, 85-92, 115, 126, 134.
Venons-en au texte musical, qui se base sur le re-mastering de 2002 par EMI, pour le coffret de cinq CD's qui reçut à sa sortie un coup de chapeau du M'O. La présentation de cet important coffret est à cette occasion reprise dans M'O+: CD_3934. Les principes d'édition semblent très sérieux et on appréciera en particulier la volonté de n'apporter aucune correction basée sur le principe «Tournemire aurait amélioré ceci, s'il avait pris le temps de noter sa musique improvisée». Pour évaluer le travail, procédons par échantillonnage, avec une lecture comparée des deux éditions de la Cantilène improvisée (nous noterons la présente édition par les initiales de son auteur: RG, et celle de Maurice Duruflé (Durand, 1958): MD
On est tout d'abord très surpris de découvrir que le nombre de mesures identiques dans les deux transcriptions est quasi nul. Seules les mesures 40 et 41 sont les mêmes, dans cette pièce qui en compte 76 dans RG et 77 dans MD. La différence des notations rythmiques est sensible dès les premières mesures (où RG a sans doute raison d'entendre des anacrouses, alors que la métrique de MD est un rien carrée). On a l'impression que MD a plus voulu rationnaliser la mesure, alors que RG semble plus proche de la souplesse très grande de Tournemire.
Surprise, au troisième temps de la troisième mesure, où RG note un do, la où Tournemire joue très clairement si, noté exactement par MD. Ceci est sans doute une faute de gravure non repérée à la correction. Mais combien d'autres se trouvent dans le texte? Deux mesures plus loin, RG note à la pédale, en tirasse du Positif, un mouvement mélodique dans lequel j'entends pourtant clairement les battements de la Voix céleste du Récit: une décision douteuse, d'autant plus que la registration proposée, Flûte 4, ferait sonner ce motif une octave plus haut qu'il est noté. Par contre, à maints endroits (mesures 23 et 24 par exemple), on aura tendance à préférer le choix de RG, qui note des triolets, plus souples que les croches égales de MD. Aux mesures 36 à 38, les battements de deux notes à la base de l'accord de la main droite semblent en effet bien là dans l'enregistrement, et ont échappé à MD, comme un bon nombre de petites notes «ajoutées» à son texte par RG.
On le comprend, il est difficile de choisir entre ces deux lectures (on devrait dire: auditions) d'une même musique. La qualité de la prise de son, et le style fantaisiste à l'extrême, voire erratique de Tournemire y sont pour beaucoup. Il est clair que, si la partition avait été bien mise en pages, malgré tout le respect et la sympathie que l'on éprouve naturellement pour le travail précurseur de Duruflé, l'édition Carus s'imposerait.

Date du commentaire28/02/2013
  
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