Détail d'un disque de la discothèque du M'O+
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CD_3487 () |
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Titre du CD | Die Orgeln von Gottfried Silbermann, vol. 8 | |
Interprète(s) | Hansjürgen Scholze (DE) | |
Éditeur | Querstand | |
Numéro d'édition | 0305 | |
Site de l'éditeur | http://www.vkjk.de | |
Format audio | DDD 24 bit | |
Date d'enregistrement | 5, 9, 23 V 2003 | |
Minutage total | [77:35] | |
Date de réception au M'O | 05/12/2003 | |
Livret | 44 pages (D, GB, F); photo(s) de l'instrument: 4, composition et registrations | |
Orgue(s) et/ou instrument(s) | Großkmehlen, DE, Dorfkirche Crostau, DE, Dorfkirche Dittersbach, DE, Dorfkirche Dresden, DE, Hofkirche |
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Compositeur(s) | Johann Ludwig Krens, Johann Sebastian Bach, Gottfried August Homilius, Samuel Scheidt, Nepomuk Heyne, Johann Kuhnau | |
Descriptif orgue(s) | A (1-4) Großkmehlen, DE, Dorfkirche Gottfried Silbermann (DE) 1718/Rühle (DE) 1996. II/22 B (5-9) Crostau, DE, Dorfkirche Gottfried Silbermann (DE) 1732/Eule (DE) 1982. II/20 C (10-13) Dittersbach, DE, Dorfkirche Gottfried Silbermann (DE) 1726/Eule (DE) 1981. I/14 D (17-20) Gottfried Silbermann, & Zachariuas Hildebrandt (DE) 1755/Jehmlich (DE) 1971/Jehmlich (DE) & Wegscheider (DE) 2002. III/47 | |
Accord orgue(s) | A 555 B 535 C 55X D 535 dans l'échelle de La Rasette | |
Programme | Johann Ludwig Krebs 1-2. Praeludium et Fuga in C 3. O König, dessen Majestät 4. Herzlich Lieb hab ich dich, o Herr Johann Sebastian Bach 5-6. Praeludium et Fuge (g) BWV 535 17-20. Toccata et Fuge (E) BWV 566 Gottfried August Homilius 7. Komm, heiliger Geist, Herre Gott 8. Jesus, meine Zuversicht 9. Wir Christenleut' han jetzund Freud Samuel Scheidt: 10. Variationen über eine Gagliarda von John Dowland Nepomuk Heyne: 11-13. aus Etwas zum Vergnügen oder einig schöne Orgelstücke Johann Kuhnau: 14-16. Der von David vermittelst der Music curirte Saul | |
Commentaire | [Pour le descriptif des CD's 5, 6 et 7 de cette série, voyez CD_3484,
CD_3485 et
CD_3486]. Il n'aura pas fallu attendre très longtemps pour voir se compléter cette intégrale remarquable, dont les quatre premiers CD's avaient déjà reçu un coup de chapeau (CD_3483). C'est non sans fierté que l'éditeur m'a envoyé récemment la photocopie du diplôme qu'a accordé le très sérieux jury du grand prix du disque allemand aux huit CD's de ce monumental hommage à l'un des plus grands facteurs d'orgues de l'histoire (fierté qui rejaillit sur le rédacteur du M'O qui fut, doit-il vous le rappeler, l'organiste du troisième volume). La deuxième tranche a été assurée par quatre organistes allemands, dont deux sont les titulaires des plus grands Silbermann: Freiberg et Dresden. Trois d'entre eux sont des musiciens de l'ancienne RDA, et on mesure avec intérêt et plaisir le chemin qu'ils ont parcouru depuis la fin d'un régime qui les avait écartés des courants principaux dans l'interprétation de la musique ancienne. Nul doute aussi que la fréquentation parfois quotidienne des orgues de Silbermann a été pour eux source de réflexion et d'évolution: les orgues des grands maîtres sont les meilleurs professeurs! Ullrich Böhme a hérité de deux acoustiques particulièrement sèches, à Nassau et à Pfaffroda. Ce dernier, tout petit orgue, est particulièrement impressionnant dans le plenum, à la fin de la sonate de Kuhnau: grâce à l'unique Posaune de la pédale, on croirait vraiment entendre un grand instrument! Par contre, à Ponitz, la pédale est un peu petite, quand elle joue en solo (les orgues du Nord semblent ici s'imposer), mais elle retrouve sa parfaite adéquation dans le rôle de soutien de l'organo pleno. Paradoxalement, c'est l'organiste «de l'Ouest» qui me convainc le moins: son jeu manque de souplesse agogique, en particulier dans la Toccata de Sorge.?Il pratique des articulations arbitraires, sur fond de legato absolu, et je dirais de la plupart de ses ornements qu'ils sont «non-catalogués»: les anciens ont laissé assez de textes pour qu'on sache ce qu'ils faisaient dans ce domaine, et nous donnent une abondance de réalisations qui devraient suffire, sans que l'on doive en «inventer» de nouvelles. L'orgue du château de Burgk - encore une méchante acoustique - semble avoir des problèmes de poumons, et le choix de l'Alla Breve de Bach, registré organo pleno, fait ressortir l'absence d'un bon Posaune. J'ai abordé le CD présentant les deux orgues du Dom de Freiberg sans faire trop attention à ce que j'entendais. Séduit d'entrée de jeu par la magnifique acoustique, je fus immédiatement, comme chaque fois que j'entends cet orgue unique, fasciné par la magnitude de ce plein-jeu lumineux, par cette grandeur impressionnante et cependant naturelle... quand je découvris que ce n'était pas le grand, mais bien le petit orgue qui jouait. Et de fait, trois plages plus loin, alors que l'on croyait avoir atteint un sommet, le chef-d'œuvre de Silbermann (rappelons-le, le premier orgue sorti de ses mains, après Frauenstein, qui ne nous est pas conservé...) est encore plus haut que le sommet! Si vous voulez savoir ce que l'on entend par «un plein jeu éclatant», il faut écouter, et savourer celui-ci, fort bien joué par Dietrich Wagler, qui signe ici une des dernières prestations sur un orgue qu'il eut la chance de servir pendant quinze ans. Après ces merveilles, l'instrument d'Helbigsdorf, à nouveau dans une acoustique sèche, souffre d'un problème d'alimentation et aussi d'un tempérament très dur. Dans l'ensemble des programmes de la série, Mendelssohn surprendra un peu, joué à Oederan, mais regardez la photo du buffet: on vendit en 1892, lors d'une remise à neuf de l'église, les boiseries de Silbermann comme bois à brûler, pour la modique somme de 2 marks, et l'instrument reçut alors le buffet néo-gothique qui l'abrite toujours aujourd'hui... Le huitième et dernier volume de cette intégrale est assuré par Hansjürgen Scholze, titulaire du dernier orgue de Silbermann (qui ne l'acheva d'ailleurs pas, la grande faucheuse obligeant son disciple Zacharias Hildebrandt à poser le point d'orgue final sur son œuvre). Si vous êtes un peu surpris par de légers excès dans l'articulation, à Großkmehlen et Dittersbach, tout s'expliquera quand vous entendrez l'organiste sur «son orgue»: nul doute que la Hofkirche de Dresden est l'acoustique la plus généreuse que Silbermann ait connue. Le dernier orgue présenté, outre le fait qu'il fut le dernier de Silbermann, présente un intérêt particulier: c'est le 3 novembre 2002 qu'eut lieu le concert d'inauguration des derniers travaux. Enregistrées en mai 2003, ces plages sont sans doute les premières permettant d'entendre l'orgue retrouvé! On sait en effet que les bombardements de Dresden n'épargnèrent pas le buffet et la soufflerie de l'instrument, dont on avait heureusement évacué la tuyauterie. On ne profita hélas pas de la reconstruction, dans les années soixante, pour rendre à l'orgue sa physionomie originale. De sorte que c'est ici même que je touchai de l'oreille les dégâts que peuvent faire à la sonorité d'un orgue les entailles d'accord pratiquées au XIXe siècle dans les tuyaux qui, aux siècles antérieurs, étaient simplement «coupés au ton». La comparaison avec les autres Silbermann des environs était accablante: ce grand instrument avait perdu toute distinction, tout caractère, et parlait comme dans un épais brouillard, encore aggravé par une réverbération kilométrique. On a enfin restauré l'orgue dans son état original, comme le prouvent ces quelques plages, (j'ai quand même une hésitation sur la qualité du vent de l'Oberwerk, fort tremblotant) en attendant tout un CD consacré à ce monument, qui le mérite amplement. Au terme de la présentation de cette production exemplaire, il faut une dernière fois en féliciter les artisans: ils ne se sont pas arrêtés à certaines difficultés (en particulier, celle qui limite à moins de vingt minutes la présentation d'orgues dont plusieurs en demandent plus) et nous offrent un miroir sonore et une documentation remarquables. Non seulement sur l'œuvre magistral d'un artisan génial (seul Schnitger, dans le Nord, permettrait une entreprise semblable), mais aussi, par le répertoire choisi, sur les pratiques d'une des plus musicales régions d'Europe à son âge d'or. Dominées par le grand Bach, les générations qui l'ont précédé, et surtout celle de ses fils spirituels - et même de ses fils tout court - nous ont permis d'entendre un large éventail du chapitre le plus riche de toute la musique d'orgue. [M'O 78/7-9] | |
Date du commentaire | 13/07/2011 | |
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