Détail d'un disque de la discothèque du M'O+

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Titre du CD Jan Pieterszoon Sweelinck. Organ Works. Vol. 1
Interprète(s) Harald Vogel (DE)
Éditeur MDG
Numéro d'édition 914 1690
Site de l'éditeur http://www.mdg.de
Format audio Hybrid Multichannel 2+2+2
Date d'enregistrement 11-12 XI 2010
Minutage total 78:42
Date de réception au M'O 03/05/2011
Livret 32 pages (GB, F, D), composition et registrations
Orgue(s) et/ou instrument(s) Lemgo, DE, St. Marien
Compositeur(s) Sweelinck, Goudimel
Descriptif orgue(s)Lemgo, DE, St. Marien
West (DE) 2010/. II/20
Accord orgue(s)555 dans l'échelle de La Rasette razette
ProgrammeJan Pieterszoon Sweelinck
1. Toccata ex d (d1) SwWV 285
2. Echo Fantasia (d4) SwWV 261
4. Psalm 116 - Ik heb den Heer lief (J'aime mon Dieu) SwWV 313
5. Fantasia à 4 (a1/b-a-c-h) SwWV 273
6. Toccata (a3) SwWV 298
7. Erbarm' dich mein o Herre Gott SwWV 303
8. Ave maris stella (Canon) SwWV 193
9. Capriccio SwWV 281
10. Poolse almande [Soll es sein] [Poolsche dans] SwWV 330
11. Toccata ex g (g4) SwWV 295

3. Goudimel: Psaume 116
12-36. Vogel: 25 improvisations pour présenter les jeux de l'orgue

CommentaireBien des producteurs de CD's pensent que ceux qui achètent leurs disques connaissent la géographie de toutes les régions d'Europe! Lemgo: où cela se trouve-t-il? La photo du buffet de l'orgue instruira les plus savants: nous sommes dans le nord de l'Europe. Danemark? Suède? Le nom sonne scandinave. La réponse se trouve (encore faut-il lire attentivement, presque «entre les mots») dans le texte du commentaire: «L'orgue en nid d'hirondelle de l'église Sainte-Marie à Lemgo est le seul instrument allemand de ce type d'avant la Guerre de Trent Ans». Cela n'aurait pas été une mauvaise idée, d'imprimer les initiales «DE», à l'instar de ce que font les Américains, même dans le cas d'une ville que tout le monde connaît: «New York NY», d'indiquer que Lemgo se trouve en Rhénanie du nord, dans le district de Detmold. On pourrait ajouter: à mi-chemin entre Bremen et Kassel, ou entre Münster et Hannover. Ou bien même imaginer une petite carte géographique?
Il faut également une certaine perspicacité pour réaliser que ce que l'on entend ici est un orgue du XXIe siècle, sorti des ateliers du facteur Rowan West en 2010, placé dans un buffet remontant au facteur original: Slegel, en 1586-95.
Dès les premières mesures, on comprend que l'on a pas affaire à un instrument banal: quelle puissance dans ce plein-jeu, qui pourtant ne compte «que» 8 tuyaux par notes dans le grave et 13 dans l'aigu! Il est difficile de croire que seuls les quelques 37 tuyaux de façade remontent à l'orgue de Scherer, de 1612. Sur le conseil d'Harald Vogel et de Koos van de Linde, le facteur d'orgues West a en effet puisé les modèles de sa tuyauterie à diverses sources: les tuyaux manquants du Praestant, comme ceux du Gedackt, le Praestant de l'Oberwerk et quatre jeu de la pédale sont copiés sur l'orgue Scherer de Tangermünde. Le Quintatien est copié sur l'orgue de Kampen, tandis que Octave et Hohlfloyte sont inspirés de Hattem et Kampen. De Hattem viennent Hohlpfeiff, Nasatt et Waltpfeiff. Les mixtures sont réalisées d'après l'orgue de ch?ur de la Laurenskerk d'Alkmaar et Utrecht, Saint-Nicolas. Deux jeux sont réalisés d'après Praetorius, 1619: Barpfeiff et Cimbell, une mixture très particulière donnant des accords parfaits aigus (donc avec tierce, ce qui induit un usage réservé aux passages mélodiques, et exclut la polyphonie) avec reprises sur chaque do et chaque fa. La Trumpett est copiée sur celle de Wijk bij Duurstede et le Zinke sur celui d'Appingedam, tandis que le Gemshorenfloyt de la pédale est semblable au jeu de la Jakobikirche de Hambourg. On pourrait s'attendre à ce que ce collage géant soit hétéroclite: il n'en est rien, car les sources choisies sont relativement proches dans le temps comme dans l'espace, et le coup de main du facteur «reconstructeur» a conféré à l'ensemble une belle homogénéité.
Une des grandes qualités du jeu de Harald Vogel est son côté posé, son choix de tempi bien larges, permettant à la mélodie la plus simple de s'épanouir avec naturel et sans précipitation: la grande Fantaisie à 4 («sur BACH»...) dure... 14 minutes, à 7 secondes près! Les registrations sont variées, choisies, parfois étonnantes: dans le Psaume 116, par exemple, l'harmonisation de Goudimel qui précède est détaillée au ténor sur la Trompette, et l'accompagnement est réalisé par la main gauche (basse) et la droite (les deux voix supérieures) sur Barpfeiff (une anche de taille large, à pavillon court, reconstruite d'après Praetorius) et Gedackt: une mise en évidence du cantus firmus discrète mais efficace, pour autant que l'auditeur ait les oreilles ouvertes! Dans le verset suivant, le soprano est doublé à la pédale sur le Gemshorenfluyt de 1 pied. Dans le dernier verset, on entend en solo la Cymbale, sur seulement Gedackt et Quintatien: mélange creux étonnant, et véritablement d'un autre temps.
Deux «valeurs ajoutées» à ce CD: une première, avec l'Ave maris stella, dont nous connaissions déjà la partition. Pour mémoire, Harald Vogel est, avec Pieter Dirksen, l'éditeur scientifique d'une des deux éditions récentes de l'?uvre de Sweelinck, chez Breitkopf (voyez P_0004, P_2970 en attendant P_3663 et P_3664. L'autre «bonus» réside dans deux douzaines de brèves improvisations pour démontrer les couleurs de l'orgue, par Harald Vogel, qui commente en allemand les différentes registrations qu'il nous donne à entendre.
Un très beau CD, qui nous fait espérer la suite de ce qui sera une intégrale de référence.

Date du commentaire26/06/2011
  
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