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Titre de la vidéo History of the Organ, Volume 1. Latin Origins
Interprète(s) André Isoir (FR), René Saorgin (FR), Francis Chapelet (FR), Jean Boyer (FR)
Éditeur Arthaus
Numéro d'édition 102111
Site de l'éditeur http://arthaus-musik.com
Type de support DVD5/NTSC
Format vidéo 4:3
Langues disponibles GB, D, F
Sous-titres disponibles E
Date d'enregistrement 1997
Minutage total 53:00
Date de réception au M'O 08/03/2010
Livret 20 pages (GB, F, D); pas de photo de l'orgue, pas de composition, pas de registrations
Orgue(s) et/ou instrument(s) Aucune donnée dans le livret
Compositeur(s) Pierre Attaingnant, Antonio de Cabezon, Girolamo Frescobaldi, Francisco Correa de Arauxo, François Couperin, Nicolas de Grigny, Louis-Claude Daquin
Descriptif orgue(s)Voyez le commentaire
Accord orgue(s)Non évalué dans l'échelle de La Rasette razette
ProgrammeVoyez le commentaire
CommentaireLe générique (ou ce qui en tient lieu, disons: l'introduction, m'a donné envie de fuir. On entend le début du grand prélude BWV 552, joué comme il se doit organo pleno et le deuxième plan montre une main qui, négligemment, tire le Scharff, qui fait évidemment partie de la registration que l'on entend. Après quoi, comme si vous n'aviez pas compris, vient le titre: Pulling out the stops, suivi d'un plan sur une mécanique vieille d'au moins dix ans (avec réglages, écrous en plastique, et tout et tout), dont les mouvements n'ont rigoureusement rien à voir avec la musique que l'on entend. Les pavillons dorés de chamades qui suivent doivent sans doute évoquer les vacances que Bach passait tous les ans sur la Costa Brava, et sont suivis par un fondu dans l'image et la musique après trente secondes... N'importe quel musicien ou réalisateur sensible à la musique aurait préféré afficher le titre de son film sur du silence plutôt que de commettre autant d'erreurs et afficher un tel manque de respect pour la musique.

Ce premier volume intitulé Latin origins commence, allez savoir pourquoi, par le Concerto en la mineur de Vivaldi/Bach par André Isoir à l'orgue de Weingarten (sans que ni l'œuvre ni l'orgue ne soient mentionnés au générique ou dans le livret), lui-même fondu après une minute, pour laisser place au commentateur qui enchaîne en toute logique [sic!]: «L'orgue remonte à la plus haute antiquité...»! et évoque, en 30 secondes, la géniale invention de Ctesibios. «Passent là-dessus les invasions Barbares...» et on retrouve, quelques secondes plus tard, l'orgue donné à Pépin le Bref. En un saisissant raccourci, illustré par la tapisserie de La Dame à la Licorne et quelques images tirées de Praetorius et autres traités, nous nous retrouvons à la troisième minute de ce film, évoquant l'orgue du XVe siècle, sur des images montrant un buffet tout neuf, tandis que le narrateur introduit la visite à l'atelier de Bartolomeo Formentelli, en Italie. Pendant ce commentaire, Isoir, Bach et Vivaldi se sont discrètement et définitivement effacés...
En un italien plaisamment teinté d'accent français, le facteur brosse (au propre comme au figuré, car comment résumer cet artisanat protéiforme en 3'14"?) quelques aspects de son métier, sur de belles images montrant quelques gestes de ses compagnons. Après quoi un Italien qui parle avec les mains, des bruits de Vespa, un vieux monsieur qui se fraye un chemin parmi les pigeons de la Piazza San Marco, un bref commentaire décrivant l'orgue italien (sur quatre images de buffets transalpins, pas très nettes), et nous voilà au seuil de la plage 4: René Saorgin présente l'orgue Gian Giaccomo Antegnati de Saint-Charles-Borromée de Brescia: petite phrase sur le Principale, puis ajout de tous les rangs sur un accord tenu, pour démontrer la luminosité sans égale du ripieno italien. Nous voilà prêts à entendre le Capriccio Pastorale de Frescobaldi joué sur le seul Principale, suivi d'une Canzona (dont les deux premières notes ne sont pas au niveau sonore de la suite...), et d'une Toccata per l'Elevazione des Fiori Musicali, chaque pièce étant précédée d'une brève explication sur les différents timbres de l'orgue italien. Après quoi on se retrouve dans l'atelier de Formentelli, qui montre les différents types de tuyaux dont le timbre est illustré par quelques notes en arrière-plan: bonne idée qui n'aurait pas souffert d'être un peu élargie, car les extraits musicaux sont extrêmement brefs.
Sans transition, si ce n'est une carte d'Espagne, nous voici sur les routes de la vieille Castille. Le commentaire est assez bref, met l'accent sur l'orgue à chamades tout compte fait assez tardif, plus que sur l'authentique orgue espagnol du XVIe et du XVIIe siècle, et semble impliquer que l'orgue espagnol se résume à l'instrument castillan. C'est Francis Chapelet qui joue et présente trois orgues de sa chère Tierra de Campos: à Abarca, un Tiento de Cabezon, puis un Tiento de medio registro [de baxon] de Correa de Arauxo. À Castromocho, où l'orgue est encore soufflé à la force des poignets, voici Dic Nobis Maria de Cabezon. Puis non loin de ces deux villages, à Frechilla, sur l'orgue de 1684, Francis Chapelet improvise les versets d'un Magnificat alterné avec le chant authentiquement rural du curé, entouré de deux bien sages enfants de chœur, devant la foule nombreuse des fidèles assemblés. Un fondu scandaleux (et je pèse mes mots) interrompt le sixième verset, et le narrateur nous annonce que nous avons franchi les Pyrénées: nous voici en France!
Encore quelques photos (mais pourquoi sont-elles toutes floues?) et nous voici à Houdan, où nous attend une surprise à la fois bonne et émouvante: c'est Jean Boyer qui nous parle de Clicquot, face caméra, avant de démontrer combien nous manquent la vie et l'intelligence de ses interprétations. Trois danses de Pierre Attaingnant, le Trio en dialogue du Kyrie de Nicolas de Grigny, Dialogue de Tierce et de Trompette et Récit de Tierce en taille de la Messe pour les Couvents de François Couperin et le Noël étranger de Louis-Claude Daquin sont autant de manifestations du vide qu'a laissé sa disparition prématurée.
Insensible à ces plages superbes, la brute qui dirige le montage, sans tenir le moindre compte du choc des acoustiques, des styles et des tonalités, enchaîne, sans même imaginer qu'un mot de conclusion aurait pu éviter ce triple hyatus, par la troisième fugue en mi bémol de Bach (avec évidemment un montage raté sur la première note) et a le culot, quand le déroulant finit d'énumérer les noms des participants, de fondre dans la musique après 46 secondes, en plein milieu d'une phrase. On fait rarement plus dédaigneux... La désinvolture dénoncée dans le générique de début se retrouve dans les titres des pièces, que l'on donne ici en sous-titre, là mal orthographiés, et ailleurs... pas du tout. Et ne croyez pas que cela soit compensé dans le livret: pas un titre ne s'y trouve, pas un nom de compositeur, pas la moindre citation d'un des orgues enregistrés!

On rit souvent de ces Américains et de ces Japonais qui visitent l'Europe au pas de course et ne ramènent à la maison que leur photo devant la tour Eiffel, Tower Bridge, le Manneken-pis, l'Alcazar de Séville ou la tour de Pise. Ce CD, mené au pas de charge, malgré de belles images, de beaux instruments, et de la belle musique parfois même très bien jouée, ne m'a même pas réjoui. Si on n'aime pas la musique, si on ne la respecte pas, il vaut mieux filmer des volcans en éruption, la pêche à la sardine ou des accouplements de mantes religieuses.
Date du commentaire04/05/2010
  
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