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Les mentions soulignées indiquent les inédits dans les banques de données du M'O au moment de la rédaction
Titre du CD César Franck & Aristide Cavaillé-Coll
Interprète(s) Joris Verdin (BE)
Éditeur Ricercar
Numéro d'édition 207402 (2 CD's)
Site de l'éditeur http://www.ricercar.be
Format audio [DDD]
Date d'enregistrement IX 1998
Minutage total [65:55 + 56:32]
Date de réception au M'O 31/10/1999
Livret 54 pages + 4 pages de Digipack (F, GB, NL); photo(s) de l'instrument: 3, composition, pas de registrations.
23 illustrations NB, 2 C
Orgue(s) et/ou instrument(s) San Sebastian, ES, Santa Maria del Coro
Azkoïtia, ES, Santa Maria la Real
Rouen, FR, Saint-Ouen
Compositeur(s) César Franck
Descriptif orgue(s)A (CD 1/1-5) San Sebastian, ES, Santa Maria del Coro. Cavaillé-Coll (FR) 1863. III/44.
B (CD 1/6 & 2/5, 6) Azkoïtia, ES, Santa Maria la Real. Cavaillé-Coll (FR) 1898. III/40.
C (CD 2/1-4) Rouen, FR, Saint-Ouen. Cavaillé-Coll (FR) 1890. IV/64.
Accord orgue(s)A 454, B 554, C 433 dans l'échelle de La Rasette razette
ProgrammeCésar Franck
CD 1
1. Fantaisie (C) op. 16
2. Grande Pièce Symphonique op. 17
3. Prélude, Fugue et Variation op. 18
4. Pastorale op. 19
5. Prière op. 20
6. Final op. 21
CD 1
1. Fantaisie (A)
2. Cantabile
3. Pièce héroïque
4. Choral I
5. Choral II
6. Choral III

CommentaireCette intégrale des douze grandes pièces de Franck sort de presse entre la rédaction et la publication du M'O 57. Et pour une fois, le M'O est à même de vous présenter un compte rendu simultané, voire même légèrement antérieur à la sortie officielle d'un CD. Au moment où j'écris ces lignes, les deux livres de Joël-Marie Fauquet sur César Franck sont arrivés sur mon bureau. Vous en lirez la présentation, de même qu'un XIV questions à leur auteur, dans M'O 58. Mais il faut d'ores et déjà citer l'annexe V (page 950) du César Franck publié chez Fayard, intitulée: Tempi notés par César Franck pour les Six Pièces d'orgue. L'auteur a en effet eu le bonheur de découvrir un exemplaire de l'édition de 1868 des Six Pièces, avec des indications métronomiques de la main de Franck.
Joris Verdin le rappelle dans son commentaire, un mouvement métronomique n'est pas parole d'évangile, et ces nouvelles données sont à consommer cum grano salis. Qui aura la curiosité, un rien perverse, avouons-le, de comparer métronome en main les tempi de l'interprète et ceux du compositeur, retrouvés par le musicologue, constatera, quand ils ne sont pas exacts, qu'ils sont un rien en dessous de leur valeur? C'est dire si, sur le papier en tout cas, les Six Pièces d'orgue reçoivent, à la lumière de cette trouvaille, un fameux coup de balai: consultation faite de la banque de données du M'O (de 17 à 39 versions, selon les pièces) ce n'est que dans la Grande Pièce symphonique que Verdin n'est pas le plus rapide: la version de Jean Guillou lui ravit le ruban bleu pour onze petites secondes. Entendons-nous: il ne s'agit pas d'être celui qui arrive à jouer le plus vite mais, oubliant toute une série d'idées reçues, de clichés transmis par «la» tradition, d'aborder ce répertoire vierge d?idée préconçue et, grâce à cette information la plus objective possible, de découvrir quelle devait être l'image sonore que Franck se faisait de sa propre musique en 1868, ou peu après.
Décapante, fougueuse, virtuose, énergique, cette «nouvelle» conception des Six Pièces surprend. Elle convainc immédiatement, dans la Grande pièce symphonique, qui prend ainsi une réelle dimension symphonique, quasiment orchestrale, et dans le Final, qui perd tout ce qu'on peut y entendre de pompier.
Ce Franck revisité par le métronome demande une certaine acclimatation dans la Fantaisie en Ut, Prélude, fugue, variation et la Pastorale, mais me semble faire perdre à la Prière une bonne partie de son émotion «orante», comme aurait dit le successeur de Franck à Sainte-Clotilde, Charles Tournemire. Cliché? Habitude? Idée reçue? Tradition?
Le même Tournemire, qui connut Franck et fut son élève pendant la dernière année de sa vie, enregistra (quarante ans plus tard, ne l'oublions pas) la Pastorale en 8'40", soit 1'30" plus lentement que Verdin?
Emporté par son élan, Joris Verdin extrapole et pratique ces tempi sensiblement plus élevés que ceux auxquels nous sommes habitués dans les Trois Pièces, puis dans les Trois Chorals. Et c'est ici que j'arrête de le suivre, tout en reconnaissant volontiers que certaines de ces pages ne manquent pas de panache et qu'à aucun moment l'interprète ne commet d'erreur franchement rédhibitoire. J'admets aisément que nous avons sans doute commis une erreur en jouant trop lentement les œuvres de relative jeunesse de Franck, qui composa les Six Pièces entre 37 et 41 ans. Et la proposition de jouer assez vite les Trois Pièces composées en 1878 (Franck avait 56 ans) pour la salle sans doute assez sèche du Trocadéro est raisonnable. Mais je ne pense pas tomber dans un sentimentalisme excessif en disant que l'homme de 68 ans qui compose les Trois Chorals, secoué par un récent accident, «absolument malade et hors d'état de faire quoi que ce soit» n'écrit plus des œuvres de jeunesse. Pater seraphicus n'est pas une légende, il n'y a pas chez Franck que des emportements échevelés. Jouer tout son œuvre pour orgue à l'aune des tempi des Six Pièces, n'est-ce pas somme toute, faire la même erreur que jouer tout séraphiquement?
Entendez-moi bien: cette intégrale est excellente, par le choix des instruments, par la musicalité indiscutable de l'interprète, par plusieurs de ses options (j'apprécie en particulier la volonté de registrer seul, qui donne au discours une carrure bien spéciale), par les registrations. C'est une très bonne version des douze grandes pièces d'orgue de Franck.
On peut aimer un enregistrement que l'on naurait pas fait soi-même.

[M'O 57/06]
Date du commentaire19/03/2010
  
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