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 Chapeau

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Les mentions soulignées indiquent les inédits dans les banques de données du M'O au moment de la rédaction
Titre du CD Froberger edition vol. 6
Interprète(s) Bob van Asperen (NL)
Éditeur Aeolus
Numéro d'édition 10601
Site de l'éditeur http://www.aeolus-music.com
Format audio SACD
Date d'enregistrement V 2003
Minutage total 63:48
Date de réception au M'O 14/08/2009
Livret 30 pages + 4 pages de Digipack (G, D, F), composition et registrations
Orgue(s) et/ou instrument(s) Pistoia (IT), Spirito Santo
Compositeur(s) Johann Jacob Froberger
Descriptif orgue(s)Pistoia, IT, Prioria dello Spirito Santo
Hermans (BE) 1664/Lorenzini (IT) 1995. I/8+5/2
Accord orgue(s)555 dans l'échelle de La Rasette razette
ProgrammeFroberger
1. Ricercar I [FbWV 401]
2. Ricercar V [FbWV 405]
3. Ricercar XIV [FbWV 414]
4. Ricercar X [FbWV 410]
5. Ricercar IV [FbWV 404]
6. Ricercar XI [FbWV 411]
7. Ricercar XII [FbWV 412]
8. Ricercar II [FbWV 402]
9. Ricercar XIII [FbWV 413]
10. Ricercar VII [FbWV 407]
11. Ricercar VI [FbWV 406]
12. Ricercar IX [FbWV 409]
13. Ricercar III [FbWV 403]
14. Ricercar VIII [FbWV 408]
15. Toccata Prima (Chigi Q.IV.25) [FbWV deest]
16. Toccata Seconda (Chigi Q.IV.25) [FbWV deest]
17. Toccata Terza (Chigi Q.IV.25) [FbWV deest]

CommentaireL'énumération de quatorze Ricercars, suivis par trois Toccatas m'a tout d'abord mis de mauvaise humeur: encore un CD catalogue, rassemblant des pièces qui n'ont évidemment pas été conçues pour être écoutées à la queue leu leu. J'avais totalement perdu de vue les deux premiers (doubles) CD's de cette «Bob van Asperen Froberger Edition», coup de chapeau du M'O 75 en 2003, dont je mets en ligne les commentaires sous les références CD_2119 et CD_2120. Cela me fait constater que les volumes 3 et 4, au clavecin, et le cinquième, à l'orgue de San Martino de Bologne ne vous ont pas été présentés, car je n'en ai pas eu connaissance. Contact pris avec le distributeur, réparation sera prochainement faite de cette lacune!
La première plage m'a fait dresser l'oreille et a immédiatement rétabli ma bonne humeur légendaire: quelle sonorité lumineuse! Et quelle belle idée, cette trompette mêlée au plein jeu très italien. Il fallait bien disposer d'un orgue d'exception pour se permettre ce mélange rare, voire impossible sur la plupart des orgues au sud des Alpes! Je vérifie donc dans la banque de données du M'O, et trouve que deux des trois enregistrements enregistrés au Spirito Santo de Pistoia ont reçu une distinction du M'O. Raison pour laquelle vous êtes invités à en visiter les commentaires: coup de chapeau pour l'intégrale Sweelinck de NM Classics (CD_2122) et coup de cœur pour le beau récital par Liuwe Tamminga pour Accent (CD_2121). Il y a des orgues, rares, qui, par leur qualité exceptionnelle, invitent des musiciens d'exception à enregistrer d'une manière peu banale!
Poursuivons donc l'écoute de ces quatorze Ricercars. Si l'audition en est moins rébarbative qu'auguré, voire même tout à fait plaisante, c'est pour trois raisons: le compositeur, l'instrument et l'interprète.
Froberger, dans ces Ricercars, s'est évadé de la forme assez austère pratiquée par ses prédécesseurs qui écrivaient de longues pièces d'un seul tenant, sur un seul thème, et dont l'intérêt résidait plus dans les prouesses contrapuntiques que dans la variété des effets. L'ancien élève de Frescobaldi multiplie les idées thématiques, et donc les sections, ce qui ravive l'intérêt de l'auditeur à de nombreuses occasions dans des pièces sensiblement plus courtes que les monuments d'un Buus, par exemple.
Mettant à profit cette variété dans l'écriture, Bob van Asperen nous fait une brillant démonstration de la multiplicité des registrations possibles sur un orgue d'un seul clavier, avec une composition somme toute assez réduite: outre les six registres composant le ripieno, l'instrument de Willem Hermans comprend une Flûte et un Nasard, la Trompette en basse et dessus, et un dessus de Cornet. Trois demis registres ne sont pas utilisés, car la musique les exclut: basse de Flûte 1, dessus de Musette et la basse de Voce Umana déjà citée. Il ne reste hélas que deux témoins de la facture de ce natif de Thorn, près de Maastricht, qui passa plusieurs années aux Pays-bas espagnols avant de s'établir en Italie, mais la qualité des timbres de cet instrument expliquent aisément le rôle capital qu'il joua dans l'évolution de la facture d'orgues italienne. S'il faut trouver un petit défaut à l'instrument, c'est dans la plage 7 qu'on l'entend: ne disposant pas d'une Voce Umana, ce deuxième principal, légèrement désaccordé, et donc ondulant (l'orgue possède bien un jeu portant cette dénomination, mais il s'agit d'une basse de jeu d'anche de quatre pieds qu'il ne nous est pas donné d'entendre sur ce CD), Bob van Asperen utilise le tremblant avec le Principale seul. Les battements de ce mécanisme sont hélas plus rapides et beaucoup moins expressif que ceux de la Voce Umana des Italiens, que ne connaissait pas Hermans. Mais cela ne semble pas avoir dérangé l'interprète, qui y revient dans les plages 10, 11 et 13.
Quant à Bob van Asparen, justement, nous avions déjà mesuré, au clavecin, la richesse de son jeu. Celle-ci ne se dément pas sur l'instrument à tuyaux, qu'il utilise avec la même science, la même maîtrise, le même raffinement que nous avions appréciés dans les deux premiers volumes de cette série. Ajoutons à ses mérites d'interprètes, son talent de musicologue. La lecture du livret s'impose, car on y trouve une somme d'informations sur le compositeur, les sources et l'instrument, qui répond à toutes les questions. C'est l'abondance du texte qui justifie sans doute l'usage d'un caractère d'une taille très petite... et encore, on n'y fait aucune référence au catalogue des œuvres de Froberger (FbWV), que nous donnons entre crochets!
Revenons enfin au programme. Si l'on peut comprendre, dans le cadre d'un enregistrement de l'intégrale des compositions pour claviers de Froberger, et sachant que les Ricercars conviennent certes mieux qu'à l'orgue qu'au clavecin des premiers volumes de la série, je me pose quand même la question de l'ordonnance du programme. Tout d'abord parce que les Ricercars ne font pas, comme pourrait le faire croire ce CD, un groupe de quatorze pièces. Ils nous sont parvenus en deux groupe de six (l'un dans le Libro Quarto de 1656, l'autre dans le Libro di caprici e ricercate dec1658), auxquels s'ajoutent deux Ricercars connus seulement dans un manuscrit attribué à Kirnberger, se trouvant dans la collection d'Anna Amalia, la sœur de Frédéric le Grand. Par ailleurs, les trois toccatas d'un autre et même caractère, réunies en fin de programme, n'auraient-elles pas fait meilleur effet, réparties, l'une en prélude, l'autre en interlude au milieu du programme, la dernière en conclusion? Malgré cette petite réserve, c'est sans hésiter, mes premières appréhensions définitivement et heureusement déçues, que je suis amené à vous faire partager mon enthousiasme, par l'attribution d'un coup de chapeau du M'O, distinction dont la rareté augmente encore la valeur.

Date du commentaire06/01/2011
  
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