Détail d'un disque de la discothèque du M'O+

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CD_2106 ()

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Les mentions soulignées indiquent les inédits dans les banques de données du M'O au moment de la rédaction
Titre du CD Marin Marais à l'orgue
Interprète(s) Jean-Paul Lécot (FR)
Éditeur Bayard Musique
Numéro d'édition sn
Site de l'éditeur http://www.bayardmusique.com
Format audio [DDD]
Date d'enregistrement 10-12 V 2007
Minutage total 67:22
Date de réception au M'O 22/10/2007
Livret 8 pages + 4 pages de Digipack (F), composition, pas de registrations
Orgue(s) et/ou instrument(s) Caudebec-en-Caux (FR), Notre-Dame
Compositeur(s) Marin Marais
Descriptif orgue(s)Caudebec-en-Caux, FR, Notre-Dame
Lefebvre (FR) 1738/Haerpfer-Erman (FR) 1972/Formentelli (FR) 2006. IV/42
Accord orgue(s) dans l'échelle de La Rasette razette
ProgrammeMarin Marais (transcriptions Jean-Paul Lécot)
1-4. Suite d'Alcyone
5-10. Suite en ré mineur
11. Les Folies d'Espagne
12. Tombeau pour M. de Lully
13-18. Suite en fa majeur
19. Chaconne (36 variations)
20-22. Concerto en sol (reconstitué)

CommentaireNombreux sont aujourd'hui les organistes qui, ne se satisfaisant plus du répertoire original, se lancent dans la transcription d'œuvres orchestrales, instrumentales ou vocales. C'est sans doute dans la musique française que cette pratique se justifie le mieux, car l'écriture se distingue par des formules, des tours qui conviennent parfaitement à l'orgue. D'ailleurs, comme le souligne l'interprète dans son introduction, C'est Marin Marais lui même, dans l'Avertissement de son IIe Livre de Pièces de Viole (1701) qui invite les musiciens à ne pas jouer celles-ci seulement sur la viole: «J'ay eu attention en les composant a les rendre propres pour être jouées sur toutes sortes d'instrumens comme l'Orgue, Clavecin, Théorbe, Luth, Violon, Flutte allemande...», les priant de «se donner la peine de les mettre sur chaque instrument en particulier». Il ajoute, dans l'avertissement de son IIIe Livre:
«Il ne s'agira que d'en sçavoir faire le choix pour chacun des instrumens [et] remplir le vuide entre le sujet et la basse affin de ne pas faire de mauvais sons, ce qui est une règle très Essentielle à l'harmonie».
Jean-Paul Lécot, organiste des basiliques de Lourdes, s'est déjà illustré dans ce domaine, avec Les plus beaux airs de Monsieur de Lully, à l'orgue de la cathédrale de Tarbes (CD Forlane 16699, M'O 13/20), Les plus belles pages de J. Ph. Rameau à Sainte-Cécile d'Abi (CD Forlane 16765, M'O 42/08) ainsi que François Couperin ou l'Apothéose du goût français à la Basilica Santa Maria degli Angeli de Rome (CD Arion 63615, M'O 80-81/18). Le M'O+ s'est également fait l'écho de sa publication en deux volumes de transcriptions de Marc-Antoine Charpentier (P_3484).
L'énumération des orgues choisis pour les enregistrements cités plus haut démontrait déjà l'affection particulière que porte Jean-Paul Lécot pour le travail de Barthélémy Formentelli, restaurateur ou constructeur de tous les instruments qu'il a choisis. Pas d'exception ici: le magnifique buffet Renaissance de Caudebec-en-Caux, après avoir abrité depuis 1542 un instrument de Josseline et Cocquerel, restauré en 1740 par les frères Lefèbvre, avait atteint le début de notre siècle dans un état fort différent de celui de ses origines, par sa dernière restauration, signée Haepfer-Erman en 1973. Formentelli s'est emparé de l'instrument en 2003-2005. Sans aucun doute, l'orgue a repris de l'éclat et quelques-unes de ses couleurs sont fort réussies. Qui n'est pas un fanatique du facteur (car cet artisan français d'Italie semble avoir le don de susciter l'enthousiasme chez les uns, le rejet chez d'autres) posera l'habituelle question de savoir si certains timbres ne sont pas outrés. Sans qu'une réponse ressorte de cet enregistrement: il faudra juger de auditu, en direct...
Dans cette grande vingtaine de pièces, l'auditeur entendra dans des habits neufs la plupart des formes auxquelles nous ont habitués les organistes français: Grands jeux, Pleins jeux, Récits de dessus ou en taille (y compris une Voix humaine en taille peu courante), Basses, Duos et Fonds d'orgue, tandis que les pièces variées (plages 11 et 19) permettent à l'interprète de nous faire visiter toutes les couleurs ce grand instrument.
Le Tombeau de Mr de Sainte-Colombe qui ouvre la deuxième suite est joué sur un plein-jeu assez «formentélien» (entendez, tourné très fort vers les aigus, avec des basses relativement déficitaires). Ici, l'auditeur cultivé qu'est le lecteur du M'O+ se prend à rechercher dans sa mémoire où il a classé la version originale pour viole, afin de retrouver l'émouvant original qu'on aurait sans doute préféré sur le beau fond d'orgue, entendu dans la Marche, deuxième mouvement de la suite d'Alcyone. La couleur choisie pour le second Tombeau de ce programme, celui, très poignant, pour Mr. de Lully, est quant à elle tout à fait réussie: voici un récit de tierce en taille qui manquait au répertoire des organistes!

Date du commentaire15/11/2010
  
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