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Titre du CD André Raison. Messe du premier ton. Messe du deuzième ton 
Interprète(s) Serge Schoonbroodt (BE)
Éditeur Tempéraments
Numéro d'édition 316035
Site de l'éditeur http://www.radiofrance.fr
Format audio [DDD]
Date d'enregistrement 6-9 IX 2005
Minutage total 63:50
Date de réception au M'O 02/05/2007
Livret 26 pages + 3 pages de Digipack (F, GB), composition et registrations
Orgue(s) et/ou instrument(s) Sarlat (FR), Cathédrale Saint-Sacerdos
Compositeur(s) André Raison
Descriptif orgue(s)Sarlat, FR, Cathédrale Saint-Sacerdos
Lépine, FR, 1752/Cattiaux, FR, 2005. IV/35 (+1)
Accord orgue(s)535 dans l'échelle de La Rasette razette
ProgrammeRaison: Livre d'orgue contenant cinq messes, 1688
1-21. Messe du Premier ton
22-42. Messe du Deuziesme ton

CommentaireCeci est une des toutes premières apparitions en CD de l'orgue de Sarlat, depuis sa restauration par Bertrand Cattiaux, il y a cinq ans. Il n'est pas certain que la prise de son soit idéale, et il semble bien que les micros aient été placés trop bas (et/ou trop près) car, dans les grands jeux, on entend le Positif presque aussi fort que le Grand-orgue, l'alternance de l'un à l'autre se faisant plus entendre par une perte de lisibilité dans les passages forts, que par une réelle différence de dynamique. Un bref coup de sonde sur un autre CD (CD_3602, commentaire à venir) enregistré deux ans plus tard le confirme: il y a moyen de donner plus de relief et de lisibilité à l'instrument, le premier orgue de Jean-François Lépine, dont la réception fut assurée le 22 octobre 1752 par un célèbre spécialiste, Dom Bedos.
Le sentiment de confusion résultant de ce paramètre technique n'est guère corrigé par le jeu de l'organiste, qui brouille les cartes par tous les moyens: élasticité de la battue (pour ne pas dire irrégularité), anticipations, libertés avec le texte, ornements avant le temps, respect aléatoire des valeurs rythmiques, inégalisations ne répondant pas à un principe clair: tout cela, sans doute au nom de l'indispensable libre arbitre de l'interprète, concourt plus à créer une impression de désordre que de liberté. Dans le domaine de la registration aussi, les choix de Serge Schoonbroodt sont parfois «personnels»: on entend un duo sur Prestant à la main droite et Bourdon à la main gauche (registration inconnue de toutes les tables de registrations des organistes français); dans le Tu solus altissimus de la deuxième messe, la basse de tierce (dont Raison détaille clairement la registration dans son commentaire) est jouée sur la grosse tierce; le plein-jeu demandé pour le Sanctus qui suit est touché sur un fond d'orgue, et le Deo Gratias final, traditionnellement destiné au petit plein-jeu du Positif, est ici joué sur le grand plein-jeu (ce qui n'est qu'un demi-mal), dans lequel on a inclus un Clairon (ce qui est une véritable hérésie)! Un dernier point sur lequel l'interprète prend délibérément le contrepied de la tradition est sa correction systématique d'une finale bien particulière, dans la messe du deuxième ton, faisant sonner une sixte mineure (mi bémol) sur la pédale finale de tonique (sol). Dans le tempérament de l'époque, cette ultime dissonance prend une valeur particulière, avant l'apaisement de l'accord final. À quatre reprises, l'interprète «gomme» cette échappée intéressante et la remplace par une banale note de passage (do). Seule la finale de l'Élévation, écrite en croches, est respectée...
On n'a pas eu tort d'enregistrer la musique de Raison, le maître de Clérambault, singulièrement rare dans la discographie, du moins pour des versions complètes de ses cinq messes. Pour mémoire, relisez le commentaire du CD_4082, sur lequel Jean-Patrice Brosse joue deux autres messes, cette fois avec le chant grégorien alterné. La collection Tempéraments, qui nous a souvent offert cette combinaison, a ici préféré placer deux messes sur un seul CD. On entend plus d'orgue, mais on perd une dimension importante de cette musique, qui prend vraiment toute sa signification quand elle est replacée dans son contexte d'alternance entre le ch?ur et l'orgue.
Le commentaire du livret est signé par Bernard Podevin, pour ce qui concerne l'orgue, qu'il met emphatiquement au pluriel, et par Gilles Cantagrel, pour la musique de Raison. Le lecteur capable de déchiffrer les interlignes savourera la prudence dubitative avec laquelle il évoque l'hypothèse selon laquelle Johann Sebastian Bach aurait repris du Christe de la deuxième Messe du Français les huit premières notes de la basse obstinée de sa célèbre Passacaille...

Date du commentaire27/08/2010
  
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