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Titre du CD Johann Sebastian Bach. Triosonaten
Interprète(s) Benjamin Righetti (CH)
Éditeur K617
Numéro d'édition 223
Site de l'éditeur http://www.lecouvent.org
Format audio DDD
Date d'enregistrement III 2009
Minutage total 79:15
Date de réception au M'O 13/09/2010
Livret 34 pages + 6 pages de Digipack (F, GB, D); photo(s) de l'instrument: 8, composition, pas de registrations
Orgue(s) et/ou instrument(s) Lausanne, CH, Saint-Paul
La Chiésaz, CH, Saint-Léger
Boudry, CH, Temple
Compositeur(s) Johann Sebastian Bach
Descriptif orgue(s)A (1-6) Lausanne, CH, Saint-Paul
Felsberg (CH) 1986. II/26
B (7-12) La Chiésaz, CH, Saint-Légier
Felsberg (CH) 1997. II/19
C (13-18) Boudry, CH, Temple
Felsberg (CH) 1994. II/22
Accord orgue(s)A 5X5; B 555; C 555 dans l'échelle de La Rasette razette
ProgrammeJohann Sebastian Bach
1-3. Triosonate I (Eb) BWV 525
4-6. Triosonate II (c) BWV 526
7-9. Triosonate III (d) BWV 527
10-12. Triosonate IV (e) BWV 528
13-15. Triosonate V (C) BWV 529
16-18. Triosonate VI (G) BWV 530
CommentaireJouer les six sonates en trio de Bach sur un seul disque se justifie-t-il? Assurément, dans notre société contemporaine, placée sous le signe du catalogue, de l'intégrale, de la collection: oui! Mais on peut douter que cela réponde à l'esprit de Bach et de ses contemporains. C'est sans doute pour répondre un tant soit peu à cette objection qu'il pressentait, que l'interprète a choisi d'enfiler ces 18 mouvements sur trois instruments différents. L'unité - je ne dis pas la monotonie! - se retrouve vite cependant, puisque les trois orgues sont sortis des mains de la même manufacture suisse: Orgelbau Felsberg, animée avec talent par Richard Freytag et Jean-Marie Tricoteaux. Point commun supplémentaire à ces trois instruments, tous situés en Suisse, leur modèle germanique: l'orgue de Saint-Paul à Lausanne est calqué sur l'esthétique d'Arp Schnitger, celui de La Chiésaz est «d'esthétique d'Allemagne du Nord», et celui du temple de Boudry (Neufchâtel) est la copie du Gottfried Silbermann de Großhartmansdorf.
L'interprète commente en quatre pages cette musique dont quelques mouvements comptent parmi les plus galants («modernes») qu'ait écrits Bach pour l'orgue, sans toutefois toucher au domaine qui me semble devoir faire hésiter l'interprète devant l'entreprise d'une telle intégrale, fut-ce sur six instruments différents. Je veux parler de la registration (à ce sujet, il y avait sur les pages donnant la composition des trois orgues, et sur deux feuillets laissés vides, bien assez de place pour nous donner le détail des registrations qui, on va le voir dans un instant, sortent délibérément de l'ordinaire).
La première sonate est convaincante: registrations équilibrées, toucher agréable, tempi bien choisis (sauf peut-être dans le troisième mouvement, pris vivement, au risque de quelques problèmes de simultanéité des mains). Dans la deuxième, je ne suis pas convaincu par la registration du troisième mouvement, très «anché», avec une pédale de Posaune un peu grosse et une Trompette de main droite qui couvre la main gauche dont l'anche courte ne fait pas le poids. Cette registration est certes originale, mais est-elle... originale? Même remarque dans le troisième mouvement de la troisième sonate, pas très «musique de chambre» avec ce lourd Fagott et ces mixtures et Sesquialtera manuelles. Il est clair que la volonté de registrer la pédale avec l'anche de 16 a conduit l'organiste à «sur-registrer» les deux voix supérieures. Dans le mouvement suivant (quatrième sonate, premier mouvement), on n'est quasiment plus dans un trio, tant la main droite, jouée sur la Dulcian 8 prend un rôle de soliste. Quel soulagement, quel plaisir dans le mouvement suivant, de retrouver de belles et simples flûtes, avant de retomber dans les couleurs exagérées d'un dernier mouvement vif avec pédale d'anches, et donc voix supérieures fort riches. Mais si vous voulez une démonstration de mon argument, écoutez le premier mouvement de la cinquième sonate: les basses du Posaune sont énormes (je n'ai pas le souvenir d'en avoir entendu de pareilles en Saxe...) et quelques notes parlent trop lentement pour permettre ce que leur demande Benjamin Righetti à savoir assurer la basse continue comme le ferait un violoncelle ou une viole de gambe. Suivant un schéma maintenant bien établi, vous entendrez ensuite un magnifique mouvement lent et un mouvement final sur basse de Trompette et donc mixtures et Sesquialtera aux mains. En passant, soulignons que l'orgue de Großhartmannsdorf ne possède pas de Trompette à la pédale...
Dans ces plages, l'organiste Benjamin Righetti se révèle organiste de talent, à la technique affirmée, à la vitalité évidente, au toucher raffiné. Le producteur Righetti, quant à lui, m'a moins séduit: son désir de vouloir à tout prix juxtaposer ces six triptyques trop semblables l'a conduit à colorier à l'excès des pièces qui n'en demandent pas tant (ou selon moi, qui ne le supportent pas). S'il avait eu l'excellente idée d'enregistrer les six sonates sur des registrations plus adéquates, et donc plus similaires, et qu'il les avait réparties sur au moins trois, voire six récitals, tout le monde, le M'O en tête, lui aurait sans réserve rendu un vibrant et mérité hommage!

Date du commentaire21/06/2011
  
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