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Titre du CD François Couperin (2 CD)
Interprète(s) Frédéric Desenclos (FR) & Ensemble Pierre Robert
Éditeur Tempéraments
Numéro d'édition 316028
Site de l'éditeur http://www.radiofrance.fr
Format audio [DDD]
Date d'enregistrement IX 2001, IX 2002
Minutage total 76:02 + 76:06
Date de réception au M'O 28/11/2003
Livret 46 pages + 6 pages de Digipack (F, GB); photo(s) de l'instrument: 2 C, composition et registrations
Orgue(s) et/ou instrument(s) Saint-Michel-en-Thiérache (FR), Abbaye Saint-Michel
Poitiers (FR), cathédrale Saint-Pierre
Compositeur(s) François Couperin
Descriptif orgue(s)A (CD I) Poitiers (FR), Cathédrale Saint-Pierre
Clicquot (FR) 1790/Boisseau-Cattiaux (FR), 1994. IV/P/44
B (CD II) Saint-Michel en Thiérache (FR), Abbaye Saint-Michel
Boizard (FR) 1714/Haerpfer (FR) 1980/ Westenfelder (DE) 1997. IV/31
Accord orgue(s)A 545 B 555 dans l'échelle de La Rasette razette
ProgrammeFrançois Couperin
CD 1
1-5, 7-15, 17-20, 22-24. Messe à l'usage ordinaire des paroisses
6. Dialogues inter Jesum et Hominem
16. Precatio ad Deum
21. Élévation a 3, o amor, o gaudium
25. Respice in me
CD II
1-5, 7-15, 17, 19-21, 23-25. Messe propre pour les couvents
6. Ad te levavi oculos meos
16. Aspiratio mentis ad Deum
18. Usquequo Domine
22. Audite omnes et expavescite
26. Salve Regina
CommentaireLes enregistrements de la collection Tempéraments, dont on ne soulignera jamais assez la qualité constante (cinq coups de cœur du M'O sur 23 références présentées dans ces colonnes!) nous ont habitués à des programmes mélangeant l'orgue et la voix. Elle fut une des premières à défendre la pratique aujourd'hui très vulgarisée du chant alterné. On sera donc surpris de découvrir dans ces deux Messes, conçues pour l'alternatim, non pas une alternance entre les versets pour l'orgue et le chant, mais bien neuf motets, placés aux grandes divisions des deux Messes.
On a choisi de présenter chacune des Messes sur un instrument différent: la première sur le grand Clicquot de Poitiers, construit en 1791, presque soixante ans après la mort du compositeur et, à un an près, un siècle après l'œuvre; la seconde, sur l'instrument de Saint-Michel-en-Thiérache, beaucoup plus proche de l'esthétique connue par Couperin (bien que provincial et non parisien, ce qui de tout temps a eu en France une signification particulière) puisqu'il date de 1714.
Les lecteurs du M'O ont souvent lu des commentaires sur cet anachronisme qui semble ne pas déranger trop les organistes français. Et voilà qu'une démonstration s'offre à nous: il suffit de comparer des pièces de même caractère sur l'un et l'autre orgue pour réaliser la distance sensible qui sépare les deux mondes sonores de la fin du XVIIe et de la fin du suivant, qui est aussi la fin de l'ancien régime... Mais les résultats de l'expérience doivent être tempérés de quelques observations, relatives à la prise de son, à l'acoustique, et à la registration. Prenez par exemple les deux Tierces en taille: le sixième couplet du Gloria des Paroisses n'est guère convainquant car le solo du Positif est couvert par l'accompagnement du Grand-orgue (placement des micros, registration lourde à l'accompagnement, absence du Larigot dans la Tierce?). Il n'en reste pas moins que l'Élévation des Couvents est plus expressive, mieux balancée...
J'ai écouté plusieurs fois la version que nous donne Frédéric Desenclos de ces chefs d'œuvre sans bien arriver à préciser ce qui ne me permet pas de me prononcer, ni dans un sens ni dans l'autre. Somme toute, la connaissance du style et de tous ses paramètres (résolution des ornements, notes inégales, articulations, registrations, tempi, caractère, etc.), que l'interprète semble connaître et maîtriser ne suffisent pas à donner à ces 42 pièces tout l'élan qu'elles demandent. Écoutez par exemple la Basse de Trompette de la deuxième messe: il faudrait mieux galber le chant du soliste, bien asseoir les fins de phrases, afin de mieux marquer le début de celle qui suit, jouer un tant soit peu sur l'agogique, cette souplesse de la battue, qui rend le discours vivant et tient l'attention de l'auditeur en haleine. On n'entend, dans le discours de Frédéric Desenclos quasiment que des virgules, alors que la syntaxe nous procure une quantité de marques différentes de ponctuation, dont l'usage judicieux transforme une lecture en discours. Couperin lui-même, dans son Art de toucher le clavecin, de 1717, n'avait-il pas, en terme choisis, exprimé cette subtile distinction? «Je trouve que nous confondons la mesure avec ce qu'on nomme cadence, ou mouvement. Mesure définit la quantité et l'égalité des tems; et cadence, est proprement l'esprit et l'âme qu'il faut y joindre».

[M'O 80-81/16-17]
Date du commentaire20/05/2015
  
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